Middle of Nowhere Productions

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A propos de Sabine Wewer, avril 2000.

A propos de Sabine Wewer, avril 2000.

 

 

 

 

Je me souviens d'être monté à Toronne bien longtemps avant de connaître Sabine, et je n'y suis plus jamais allé, sans doute parce que l'endroit mérite de n'être qu'un rêve. C'est un  lieu qui ressemble un peu aux gens qu'on aime vraiment et qui ne changeront jamais. L'impression me reste d'un souvenir oublié, de chemins parcourus lors d'une autre vie, de la première, peut-être. Le chemin est d'ailleurs presque effacé, réduit à l'état de trace. Il flotte à flanc de colline comme une vapeur diffuse et ne se reconnaît plus qu'aux stations qui le jalonnent encore, et qui sont elles mêmes des ruines. Je n'y suis plus retourné afin de pouvoir toujours dire qu'il y a bien longtemps que j'y suis allé, pour continuer d'y voir dans ma mémoire errer des fantômes de guerriers farouches, de chamanes solitaires, de simples ombres.

Je ne me suis pas étonné, quelques siècles plus tard, d'entendre Sabine l'appeler la Toronne, comme elle l'aurait fait d'une femme, et d'apprendre qu'elle y récoltait des simples. J'avais l'habitude de voir  se déplacer sur ses toiles les mêmes personnages que ceux qui hantent la colline, et d'y voir flotter la colline elle-même, comme l'île maudite des naufragés éternels. Il fallait que la rencontre se produise, que les images s'incarnent dans la légèreté infinie de cet espace intemporel, de ce lieu qui se refuse à exister; il fallait que ce petit Angkor Vat conjure les bras de plomb de la vierge-walkyrie de Clansayes, sur la colline d'en face.

Les rencontres ne sont pas le fruit du hasard; celles des lieux, celles des âmes, celles de ceux qui savent attendre, de ceux qui savent voir, toutes sont écrites, de légèreté et de lumière.



16/10/2018
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